Sher a dix huit ans. Il a été donné à l'âge de

Sher a dix huit ans. Il a été donné à l'âge de huit anas a un marabout, car sa famille ne voulait plus d'un albinos. Aubaine pour le marabout, marchandise de première qualité.
Au lieu du traditionnel enseignement de l'islam dispensé dans les Darahs ( école coraniques) par les sérignes ( marabout enseignant), basé sur la compréhension du coran en langue arabe, et sur la mendicité traditionnelle comme complément de l'apprentissage, Sher n'aura connu que la mendicité forcée, accompagnée de violence quand l'argent vient à manquer.
Son visage est crevassé, des taches noires lui dévorent les yeux qu'il garde plissés sous le soleil. Khadim insiste auprès du marabout pour l'amener une matinée par semaine au centre, mais sans succès.On n'arrache pas sa meilleure bête au dresseur. Sher est prostré aux pieds du marabout, celui place sa main sur le front et l'albinos déclarant avec un sourire fier que c'est son meilleur élève.
Il y a d'autres enfants dans la cour, d'autres mendiants, d'autres esclaves , mais aucun aussi doué que Sher, doué pour attirer la compassion, doué pour provoquer la gêne propice aux dons, doué pour ramener le riz, le sucre, l'argent.
"Donne l'argent monsieur, donne l'argent" Les enfants répètent cette tirade apprise avec plus de ferveur que les sourates du Coran.
Khadim échange quelques mots avec Sher, mais celui ci reste sans réactions. les autres mendiants s'approchent de lui et le bouscule gentiment. il esquisse un timide sourire vite avalé par ses lèvres déchirées.
"Dans deux ans, au rythme ou il s'expose au soleil, le cancer l'aura dévoré" .Khadim contient sa colère et salue respectueusement le marabout qui devrait apprendre en bon chef d'entreprise lucrative, a ménager son personnel s'il veut profiter de leur travail plus longtemps.Les enfants reparte a la chasse a l'argent. Sher a disparu, il a repris sa place aux pied du marabout
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Un immense récipient en fer est posé a même le sol, des mains s'agitent à l'intérieur, saisissant le riz, le malaxant en boules compactes avant de l'avaler>. Les mouvements sont rapides et précis, enfants et adultes mangent dans le même plat. Une main blanche se glisse au milieu des noires. Khadim, torse nu prépare des boulettes de riz et de poisson pour son fils El Haj, qu'il a appelé ainsi par respect pour son frère ainé. El Haj a trois ans et une peau noire d'ébène. Il s'agite dans les bras de son père et jette ses mains vers la nourriture. Sa mère, Kiné vêtue d'un tissu coloré mettant en valeur sa peau noire vient le décrocher du cou de son père. " Je suis fier de mon fils, sourit elle, regarde le , il est fort!"

El Haj s'est élancé dehors, un bâton a la main, et chasse l'énorme chien de la maison qui s'enfuit paresseusement, habitué a ce traitement de faveur.

"Il n'aura pas les mêmes problèmes que moi , il ne saura jamais ce que c'est d'être albinos" Khadim ne se plaint pas, il se s'est jamais plaint, il tire même une certaine fierté du fait d'être différent. Il raconte souvent qu'un homme l'a un jour abordé en lui demandant s'il était français ou américain. Khadim a alors enlevé sa casquette et répondu: " je suis albinos".

Une vieille légende africaine raconte que Dieu fit des albinos ses fils sur la terre et qu'a leur mort, ils étaient chargés de ramener au ciel avec eux cent personnes du coté de la famille du père et autant de celle de la mère. En attendant, de monter au ciel,à Thiès, les albinos passent leur existence à l'ombre du soleil et de celle des hommes.

Liens: www.albinism.org